Les changements des modes de vie, l’invasion des écrans (télévision, ordinateur, smartphone, tablette), l’apport de technologies (microphone, amplificateur) modifient nos pratiques langagières : nous avons moins besoin de porter loin la voix pour nous faire entendre, nous pratiquons moins les activités langagières sonores au profit d’une sur-consommation du visuel. Et pourtant, le langage oral est notre pratique quotidienne ; certains sont même dans la nécessité d’utiliser très fréquemment l’oral dans leur vie professionnelle (métiers en relation avec un usager, un client, un patient, un élève).
Les activités langagières orales sont une des caractéristiques de notre humanité ; elles sont pratiques, car elles sont « incorporées » en chacun de nous ; elles sont donc à la fois collectives (nous parlons une même langue) et singulières (nous parlons avec notre corps). Mais ces activités résultent de la mise en place de gestes vocaux extrêmement complexes et d’une adaptation à autrui grâce au développement d’une attention conjointe. Autant l’appropriation du langage chez l’enfant est l’objet encore aujourd’hui d’une grande mobilisation culturelle et sociétale, autant cette appropriation n’est pas clairement pensée dans le cadre professionnel. Or, parler en conscience est une aide significative pour viser une efficacité communicationnelle.
Nous devons ainsi nous préoccuper :
- de la gestion de la respiration
- des gestes vocaux à réaliser
- de la coordination des mots et des phrases dans un schéma mélodique
- des fonctions du langage
- des registres à utiliser
- du genre communicationnel dans lequel il s’inscrit
- de la visée du propos à réaliser
L’oral dans la vie professionnelle
Lorsque l’oral est un geste professionnel, il doit viser l’efficacité : il doit refléter l’engagement physique de la personne dans son propos. Pour cela, le recul réflexif du locuteur sur ses activités langagières est un des moyens pour anticiper et adapter le propos à la situation et aux auditeurs.
Être capable d’adapter sa pratique langagière aux situations les plus diverses est un savoir-faire de haut niveau qui s’apprend. Cela passe par l’analyse outillée des tâches à produire et par l’entraînement guidé. C’est exactement la même chose qu’en écrit professionnel, car dans les deux cas, c’est une affaire de langage. Une des grandes différences néanmoins dans l’oral professionnel est le fait que les gestes vocaux mis en mouvement pour parler demeurent peu visibles.