Texte narratif et texte dramatique

mardi 28 novembre 2023
par  Agathe Pillan

Texte narratif :

Adossé à l’un des murs d’un blanc immaculé, je profitais d’une accalmie pour m’accorder un moment de répit. J’étais suffisamment fatigué pour tomber comme une masse. Les urgences regorgeaient toujours plus de patients. Nous nous surpassions constamment. Je me mis à contempler les cicatrices de mes mains, stigmates de mon tragique accident de voiture. Je me souvins comment cet incident avait bouleversé ma vie parfaite, mes mains ayant subis de très graves lésions nerveuses. Grâce à la magie, j’avais pu reprendre ma carrière de neurochirurgien et avait accepté la proposition de Christine. Nous avions changé d’établissement. Le manque de sommeil me submergea soudain et j’eus le sentiment que ma tête et mon corps s’étaient séparés.
-  Tu dors debout, rentre vite à la maison, me lança une voix familière.
-  Je ne veux pas.
Je ne sentais plus mes jambes. Lorsque que je tentai d’avancer, le sol se rua à ma rencontre et Christine me rattrapa avant que je ne heurte le carrelage.
-  Toujours aussi têtu, fit mon amoureuse.
Je titubai, Christine me soutenant d’un côté. Je continuai de lutter contre le sommeil alors que je me changeais avant de ranger mes effets dans mon sac. Christine m’escorta jusqu’à la sortie. L’air nocturne me rendit plus alerte. Christine enroula ses bras autour de moi. L’enlaçant fermement, je l’attirai à moi et mes lèvres s’écrasèrent sur les siennes. Je lui donnai un baiser intense auquel elle répondit sans retenue. Je m’installai ensuite au volant de ma Lamborghini flambant neuve.
-  Passe une bonne nuit.
-  J’aimerais que tu restes avec moi, me dit-elle.
Je déposai un ultime baiser sur sa bouche et démarrai en trombe, roulant bien trop vite et de manière bien trop décontractée. Mon ancienne Lamborghini Huracan était entrée en collision avec un autre véhicule, avait dévalé plusieurs mètres de pente avant de s’écraser lamentablement en contrebas. J’avais agi comme un enfant gâté et avait demandé à la banque qu’elle m’accorde un joli petit crédit. Ce prêt m’avais permis de m’offrir derechef la voiture de mes rêves. Il faudra vraiment que je demande à Bard une augmentation. D’autant que notre chef de service me devait une fière chandelle. La cité prospère avait dû être reconstruite, à la suite d’un gigantesque raz-de-marée. Bard avait pris les choses en main et Lacville avait été rebâtie, embellie. Mais la cité s’était appauvrie. Bard, en tant que chef de service, avait dû se rendre à l’évidence : les urgences manquaient d’un homme compétent. C’est là que j’étais entré en scène. Il avait eu vent de ma renommée. J’étais un neurochirurgien célèbre qui avait eu le privilège d’être interviewé . J’avais inventé la laminectomie. Enfin, Christine et moi avions inventé cette technique, mais j’en avais récolté tout le crédit. Grâce à ma mémoire photographique, j’avais pu passer ma maitrise et mon doctorat en même temps. J’avais accepté l’offre de Bard à une condition : que Christine travaille avec moi. Je ne pouvais pas me passer d’elle. Bard avait pu ainsi noter un réel changement. Les vies étaient sauvées, une par une. Raison de plus pour lui demander une augmentation. Il fallait que Bard me prouve sa reconnaissance. J’avais longtemps pesé le pour et le contre avant de me décider. Le pour l’emportait largement. Je n’avais pas peur de Bard et cette augmentation était une occasion rêvée.

Lacville était superbe et ses habitations l’étaient tout autant. C’était toujours un bonheur de rentrer à la maison. Je m’empressai de sortir mes effets de ma besace. Une fois que tout fut remis à sa place, je me préparai pour ma nuit. Pourtant, une fois enroulé dans ma couette, je ne m’endormis pas, en dépit du fait que j’étais assez fatigué pour sombrer dans le sommeil. Je me levai d’un bond et allai me préparer une tasse de thé.
Mes yeux se posèrent sur le magnifique tiroir ou je rangeai mes montres. Dont une en particulier, cadeau de Christine qui valait tout l’or du monde à mes yeux. Une Jaeger-LeCoultre où étaient gravés au dos du cadran ces mots : « Time will tell how much i love you. Christine ». Des cambrioleurs l’avaient mise en pièces.
Ma vue s’était brouillée face à un tel spectacle et j’avais laissé le chagrin m’envahir. Il m’avait littéralement écrasé. J’avais dû faire appel à mes ultimes forces pour me ressaisir et appeler Christine. Il n’avait pas fallu beaucoup de temps avant qu’elle n’arrive.
-  Stephen ?
Je m’étais retourné sans parler.
-  Qu’est-il arrivé ? s’était-elle écriée . Qu’est-ce que tu as ?
J’avais eu sans doute une plus sale tête que je ne l’avais imaginé. Elle avait découvert la montre cassée, brisée. Christine m’avait ensuite prise dans ses bras et j’avais laissé libre cours à mes sanglots.
Mécaniquement, je posai les yeux sur la montre à mon poignet, identique à celle que j’avais perdu. Christine était merveilleuse.
Je lavai et rangeai ma tasse. Les effets du thé ne tardèrent pas à se faire ressentir et je sombrai rapidement.

Le lendemain, Christine m’accueillit par un baiser. Je guettai une occasion de me rendre dans le bureau de Bard afin de lui demander cette fameuse augmentation. Lorsque l’occasion se présenta, je me dirigeai vers le bureau de mon chef de service. Pas question de reculer. Mieux valait envisager tout et son contraire afin d’encaisser la réponse quelle qu’elle soit.
-  Entrez ! lança la voix de Bard.
-  Pardonnez-moi de vous déranger.
-  Mais vous ne me dérangez pas du tout, fit le chef de service. Que puis-je faire pour vous ?
-  Je souhaiterais aborder ma rétribution.
-  Je vous écoute.
-  Je souhaiterais être récompensé comme il se doit.
-  Continuez, fit Bard.
-  Vous traversiez une période sombre. Je fus un cadeau du ciel. Grâce à moi, bon nombre de vie ont pu être sauvées. Je continuerai à sauver des gens, car c’est pour ça que je suis devenu médecin. J’ai passé ma maitrise et mon doctorat en même temps et les ai obtenues avec brio. Je suis un spécialiste de la fusion médullaire, je stimule la neurogenèse dans le système nerveux central. Mes travaux sauveront à l’avenir des milliers de vies. J’estime ne plus rien avoir à prouver.
-  Justement, à ce propos, j’ai une dette envers vous et les résultats parlent d’eux-mêmes. Il est évident que je ne peux pas me passer d’un homme aussi exceptionnel que vous. Je pensais passer votre salaire de 11416 euros à 12500 euros. Cela vous convient-il ?
-  J’espérais plutôt une augmentation de 20% qui m’amènerait à un salaire de 13700 euros.
-  Votre demande est à la hauteur de votre travail irréprochable. La décision n’est malheureusement pas de mon ressort, mais de celle de la direction. Sachez toutefois que je m’engage à vous soutenir de mon mieux. Je reviendrai vers vous dans les meilleurs délais.
-  Merci.
-  C’est à moi de vous remercier. Je suis fier de vous, Stephen.

Bard m’avait fait part de sa réponse. La direction avait donné son accord pour un salaire à la hauteur de mes espérances. Je fredonnai le morceau que j’avais mis en boucle alors que ma Lamborghini filait à toute vitesse. Interstellar Overdrive. J’adorais le groupe Pink Floyd. Il fallait que je rejoigne Christine.

Texte théâtral :

Personnages :
-  EIVOR : guerrier viking et assassin. Il excelle dans son métier.
-  AGNARR : chef de service d’ Eivor.
-  SYNIN : le corbeau d’Eivor.

Lieux :

-  Chambre d’Eivor
-  Bureau d’Agnarr

SCENE 1

Le rideau se lève sur la chambre d’Eivor. Une fosse à feu chauffe et éclaire la pièce. Une atmosphère viking se dégage de la chambre. Eivor est installé sur une banquette. Syrin, son corbeau apprivoisé, est perché sur l’épaule de son maitre.

EIVOR, au public. - Je m’appelle Eivor, connu aussi sous le nom d’ami des loups, réincarnation d’Odin, fils de parents assassinés. Je suis un guerrier et un stratège sans égal. J’ai appris dès ma plus tendre enfance à combattre, tuer, sans la moindre once de pitié. J’ai mené bon nombre de raids et de batailles. J’en suis sorti toujours victorieux. Agnarr, mon chef de service m’a recruté afin de contrecarrer la malveillance des hommes. Les miens sont de grands guerriers, et j’ai rapidement fait la fierté d’Agnarr. Mes hauts faits sont chantés. Toutefois, Agnarr ne me paye pas comme il le devrait. J’ai longtemps songé à aller lui demander de m’augmenter. J’ai étudié la question avec soin, estimé les avantages et les inconvénients d’une telle action. Il est temps qu’Agnarr m’apprécie à ma juste valeur. Ma décision est prise. Dès demain, je lui demande une augmentation.

SCENE 2
Changement de décor. Eivor se trouve devant la porte du bureau d’Agnarr. Synin est une fois de plus perché sur l’épaule de son compagnon.
AGNARR, à Eivor, de l’autre côté de la porte. - Entrez Eivor !
Eivor s’exécute. Agnarr place un marque page dans l’épais volume qu’il était en train de lire.
EIVOR, à Agnarr - J’ose espérer que je ne vous dérange pas.
AGNARR, à Eivor. - Du tout. Que puis-je pour vous ?
EIVOR, à Agnarr - Je souhaiterais m’entretenir avec vous d’une potentielle augmentation.
AGNARR, à Eivor - Dites-m’en plus.
EIVOR, à Agnarr - J’ai le sentiment que vous ne m’appréciez pas à ma juste valeur. Depuis que je suis ici, j’ai grandement contribué à apporter la paix parmi les hommes. Le nombre de malfrats a drastiquement diminué. J’ai accompli chaque mission que vous m’avez confié, aussi dangereuse et complexe, soit-elle. Pas un seul adversaire n’a su me donner de fil à retordre. Vous me considérer vous-même comme votre meilleur homme. J’estime avoir le droit de percevoir la rétribution que je mérite.
AGNARR, à Eivor - Vous ne manquez pas d’audace, Eivor. Vos résultats sont au delà de toutes mes espérances. Vous m’êtes indispensable et il serait fâcheux que vous tourniez les talons et claquez la porte. C’est pourquoi votre voeu va être exaucé : et si j’augmentais votre salaire de 2080 rollon de 10 % ?
EIVOR, à Agnarr - Disons plutôt 20%.
AGNARR, à Eivor - J’imagine que je ne peux pas dire non à un homme aussi talentueux que vous, Eivor. J’en parlerai à mon supérieur dés que possible et vous informerai de sa réponse prochainement. Vous avez tout mon soutien.
EIVOR, à Agnarr - Je vous remercie infiniment.
AGNARR à Eivor - Tout le plaisir est pour moi. Passez une excellente journée.

SCENE 3

Retour dans la chambre d’Eivor. Il gambade de joie. Synin croasse de bonheur.

EIVOR, au public - Agnarr m’a remis la réponse de son supérieur ce matin ! Ma demande a été accepté !
Le rideau se referme.


Publications

Derniers articles publiés

Navigation

Articles de la rubrique

Annonces

La formation Rédacteur Professionnel

Si vous souhaitez des informations concernant la formation Master Rédacteur Professionnel, unique en France, contactez :
marie-emmanuelle.pereira@univ-amu.fr
veronique.rey.2@univ-amu.fr


Le programme de formation RP

Vous trouverez le descriptif des enseignements dans l’onglet "formation Rédacteur Professionnel"