JULIEN, vingt-cinq ans, l’employé

M. PAUL, la cinquantaine, le patron

A l’ouverture du rideau, scène divisée en deux parties par des paravents et une porte qui représentent deux pièces. D’un côté le bureau de M. Paul auquel il est assis en train de fumer un cigare, de l’autre Julien en train de faire les cent pas devant sa porte mobilisant tout son courage pour aller demander une augmentation à son patron. M. Paul a les cheveux noirs, il est de taille moyenne avec une forte corpulence, vêtu d’une chemise à carreaux trop petite et d’une cravate mal nouée et la moustache jaunie par le tabac, son apparence n’est pas soignée. Julien est châtain, grand et menu, ses vêtements sont soignés mais son allure est frêle.

Julien inspire un grand coup, lève son poing au niveau de la porte du bureau de M. Paul, le rebaisse, puis finalement toque.

M. PAUL : - en hurlant et pensant s’adresser à sa secrétaire - Combien de fois va-t-il falloir que je vous dise que je bois mon café après avoir reçu le journal, Cécile ?

JULIEN : - passant la tête à travers la porte et d’une voix pas assurée – Ce n’est pas Cécile, c’est Julien...

M. PAUL : Ce n’est pas Cécile.

JULIEN : - désorienté – Non.

M. PAUL : - toussant en tirant sur son cigare - Eh bien ? Ne restez pas là, venez donc prendre une chaise, Jules.

JULIEN : - d’un pas hésitant, prend une chaise et s’assoit – Merci. C’est Julien.

M. PAUL : - rallumant son cigare - Vous savez c’est toujours comme ça avec les femmes, on dit qu’elles pensent toujours à tout à l’inverse de nous les hommes mais c’est complètement faux. Elles pensent à ce qu’elles ont envie de penser et c’est tout. C’est comme la mienne à la maison, vous croyez qu’elle penserait à... Ça sent le chocolat non ?

JULIEN : - déconcerté – Non, peut-être... je ne sais pas ?

M. PAUL : Bref, qu’est-ce que je vous disais... Ah oui, et du coup Cécile qui travaille pour moi depuis quoi... on va dire sept ans, vous croyez qu’elle se rappellerait l’heure à laquelle je prends mon café ?

JULIEN : N..

M. PAUL : - le coupe et en criant – Bien sûr que non pensez-vous !

Julien s’enfonce dans sa chaise

M. PAUL : Au fait, vous vouliez me parler de quelque chose, Martin ?

JULIEN : Oh non, rien qui soit urgent.