Il était une fois, un Participe Passé qui coulait des jours paisibles sur les copies des écoliers. Le travail de cet avenant verbe conjugué était simple : accompagné de l’Auxiliaire Etre, il s’accordait en genre et en nombre avec le sacro-saint Sujet. Si, au contraire, le Participe Passé était escorté par l’Auxiliaire Avoir, qui ne faisait jamais de chichis, alors il restait invariable. Tout le monde – à commencer par les élèves, qui le connaissaient bien – s’accordait à dire que ce sympathique Participe Passé avait la vie facile.
Mais un jour, son train-train fut bouleversé par l’arrivée du Complément d’Objet Direct. Tout à fait sans gêne, ce grossier personnage bouscula le Participe Passé pour se placer devant lui.
Bien qu’outré, le Participe Passé resta de marbre... Mais il n’était pas au bout de ses peines : voilà qu’arrivait un Stylo Rouge à la mine sévère. Avec un griffonnement mécontent, il pointa une faute d’orthographe sur le pauvre Participe Passé, qui se sentit fort humilié. Jamais encore son honneur n’avait été tâché de la sorte !
Le verbe conjugué déchu était catastrophé : était-il condamné à rester un cancre toute son existence durant ? Ce malotru de Complément d’Objet Direct ne semblait pas décidé à bouger !
Un bruit en fin de phrase attira l’attention du Participe Passé. Juste à temps, il se retourna pour voir arriver un E à l’air discret. Très poli, ce dernier demanda au Participe froissé l’autorisation de se coller à lui, pour respecter un accord qu’il avait passé avec le Complément d’Objet Direct.
"Sacré Complément ! Il peut certes paraître un peu abrupt au premier abord, expliqua le E au Participe Passé. Mais il suffit de savoir s’y prendre avec lui..."
Le Participe Passé était soulagé : l’erreur corrigée, le Stylo Rouge passait désormais sans s’attarder. Avec le Complément d’Objet Direct, il avait comprit la règle, et entendait bien ne plus se laisser abuser.
Ainsi s’achève la règle de l’accord du Participe Passé avec le COD, loin d’être aussi simple qu’elle en a l’air. Il existe d’ailleurs d’autres exceptions à cette fameuse règle... Mais ça, c’est une autre histoire !