Il était une fois une société minuscule, tellement minuscule voire invisible que personne ne pouvait la voir. Les être humains l’utilisaient au quotidien mais ils ne se rendaient pas compte que ce qu’ils mâchouillaient était réellement un monde indépendant, une organisation authentique constituée d’individus, d’une politique, de règles, de révolutions, d’une économie, de sentiments aussi ! C’était le monde des mots. Alors bien entendu pour gérer ce petit monde, il fallait instaurer une hiérarchie. Les voyelles géraient l’assemblée, les consonnes B, C et D, étaient au service de l’Autorité. Chaque lettre avait sa place dans la société et son rôle à jouer.

Un jour, une grande évolution eut lieu : la loi de l’articulation. Cette grande idée fut instaurée parce que les lettres voulaient acquérir chacune leur propre caractère. C’est alors que quelque chose de nouveau s’invita au cœur du pays des mots . Cœur parce que ce furent des sentiments et des rencontres qui germèrent entre ces lettres. Il y eut B et A qui flirtèrent, puis C et D puis E et T. De plus en plus de couples se créèrent, ces couples formèrent des familles. Pour vous inviter à comprendre, chez les humains, ces familles sont appelées des mots. Au sommet, les voyelles ayant choisi de rester seules furent surprises par ce changement dans la société. Pour elles, il n’y avait plus de sens.

Les députés décidèrent donc d’organiser la plus grande réunion jamais encore réalisée, ils la surnommèrent : la conférence au sommet.
 Qu’allons-nous faire ? Des lettres qui se revendiquent être des mots ? s’exclama le A.
 Qui plus est, la population augmente... nous sommes passés de 26 lettres à un millier de mots, il faut instaurer des règles pour maintenir une certaine harmonie au sein de notre monde, rajouta désemparé le E assis au fond de la salle.
 J’ai une idée !

Le I se plaça au centre de la pièce, sortit une grande feuille qu’il allongea sur la table. Au départ les voyelles restèrent perplexes devant “les gribouillis” sur la copie.
 J’ai décidé d’appeler ceci PONCTUATION, c’est le nom de mes voisins. Alors ces dessins ne sont pas n’importe quels dessins. Ils vont permettre d’organiser quelque chose qui n’est autre que notre évolution voyez-vous ! Alors cette chose qui ressemble à une tâche c’est un POINT, celui-ci c’est un POINT D’EXCLAMATION, puis INTERROGATION et encore POINTS DE SUSPENSION. Je suis en train de développer d’autres idées et d’autres outils de ponctuation. C’est malin, non ?
 C’est la catastrophe et vous avez décidé d’amuser la galerie avec vos ponc.. je ne sais quoi ! s’énerva O.
 Cela va permettre à toute lettre qui se respecte d’évoluer dans notre société. Maintenant qu’il y a des mots, cette ponctuation va nous inviter à faire des phrases.
 Qu’est-ce que c’est que des phrases ?
 C’est une suite de mots ordonnés ayant un sens. Nous allons établir un atelier pour que vous puissiez mieux comprendre cette merveilleuse évolution que nous sommes en train d’instaurer dans notre pays.

I, motivé par cette ingénieuse idée, invita des lettres à se joindre à lui pour écrire une phrase : La ponctuation, quelle grande idée ! Devant cette phrase qui enfin eut un sens, l’Assemblée applaudit et valida le projet. Un budget fut négocié d’un milliard de pitch pour créer 1 milliard de point et augmenter la quantité de phrases dans les rues.

C’est ainsi qu’une fantastique organisation prit place pour le grande plaisir de toutes ces lettres...!