Belle Provence

Nouvelle
lundi 16 novembre 2020
par  carolinevomero

Cette courte nouvelle a été écrite dans le cadre du Master rédacteur professionnel. Il s’agissait avant tout de mettre en avant les éléments caractéristiques de la nouvelle, en particulier la chute.

La résidence « Belle Provence », à l’entrée du village, a toujours attiré l’attention. Son architecture raffinée et son jardin soigné font de ce lieu un endroit plaisant, si l’on omet ses habitants aux regards sévères. Pas un passant, pas un visiteur n’y échappent. De leurs fenêtres cloisonnées, ils épient tous faits et gestes.

Dans le jardin verdoyant, toutefois, le calme réside. Michel, assis sur un banc, souffle péniblement. À côté de lui, reposent les chiendents qu’il vient d’arracher. Les mains robustes posées sur ses genoux, il attend patiemment Bertrand, qui ne saurait tarder. Une chose importante doit être discutée entre eux deux.

« Michel, te voilà, s’exclame Bertrand, en rajustant sa casquette usée par le temps. Je vois que tu as ramassé les mauvaises herbes.

– Dans un jardin entretenu, les chiendents n’ont pas leur place. Et tu sais combien c’est important, pour un jardinier, un jardin propre et net.

– À qui le dis-tu ! »

Michel le regarde alors d’un air sérieux. Ses mains laborieuses tremblent légèrement sur ses genoux, mais il se ressaisit. Les yeux rivés sur le majestueux olivier centenaire, il dit :

« Mon cher Bertrand, j’aimerais discuter avec toi d’un sujet important. Cela fait un moment que je travaille pour l’entreprise « Tassigny et fils ». Environ…

– Depuis tes 17 ans. Mais où veux-tu en venir ?

– Je n’ai jamais rechigné à travailler dur, même par mauvais temps, renchérit-il. Cette entreprise compte autant pour moi que pour toi. Néanmoins, la vie, aujourd’hui, n’est plus aussi facile qu’avant et puis, il y a les enfants.

– Tu veux prendre des vacances, c’est ça ?

– Écoute, non, ce n’est pas ça.

– Je sais combien tu t’investis et si seulement les autres en faisaient autant… Tu n’oses pas me demander des jours de repos, mais pourtant ça serait bien mérité. Prends une semaine, va ! Tu profiteras un peu de ta famille.

– Ce n’est pas à propos des congés que je voulais te parler. Ça m’est compliqué de te demander ça, mais nous sommes cinq à la maison et Marianne, ma douce, ne gagne que très peu avec ses coutures. Je me demandais si tu m’accorderais une augmentation. »

Au cours d’un instant, Michel regrette sa demande. La vie n’est peut-être pas aisée, mais il s’en est toujours sorti. Les épaules voûtées, la tête baissée, il ramasse le tas de mauvaises herbes. Prêt à se lever, il ajoute :

« Excuse-moi. C’était déplacé. Oublie, je vais me remettre au travail.

– Mais non, voyons ! rétorque Bertrand. Tu es mon meilleur employé depuis des années. Je verrai avec mon comptable ce soir et t’informerai dans le courant de la semaine. En attendant, arrose-moi cette belle pelouse.

– Oui, bien sûr ! répond Michel avec entrain. Mais où est donc passé ce tuyau d’arrosage ? »

À ces mots, trois jeunes femmes en blouse blanche accourent dans le jardin. Cela fait une heure qu’elles cherchent Monsieur Raymond et Monsieur Tassigny. Il est 18 heures et l’accès au jardin est désormais fermé. L’une d’entre elles, une petite brune au chignon défait, leur dit avec douceur :

« C’est l’heure du souper Messieurs. Monsieur Raymond, donnez-moi ces vilaines herbes. Pour la énième fois, vous savez bien que vous ne travaillez plus. « Allez rejoindre les autres résidents dans la salle à manger ».

FIN


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