C’est dans la campagne du Haut-Karabagh que s’est déroulé un fait des plus dramatiques en ce mois d’avril 1994. Auto-proclamée indépendante en 1991 à la chute de l’Union soviétique, cette région de l’Azerbaïdjan est, depuis lors, le théâtre de conflit violent.
La ferme où logeait Okéane et sa famille se trouvait dans un coin reculé du Haut-Karabagh, loin de la ville. Mère attentionnée et aimante, Okéane n’avait d’yeux que pour ses enfants, et ne veillait qu’à leur bien-être : elle tentait, par tous les moyens, de les protéger des horreurs de la guerre omniprésente pour leur offrir la vie la plus heureuse qui soit. Mais cette idylle prit fin lorsque des militaires vinrent emmener ses jumeaux Natan et Magda, alors en âge de commencer leur service militaire. Ce jour-là, le couteau de cuisine découpa un autre type de viande.
Que son action ait été dictée par la folie ou par l’amour, l’issue est inchangée : Natan et Magda ont rejoint les rangs de leur école militaire, tandis que leur mère est en attente d’un jugement.
Des psychologues, dépêchés par la cour de justice, se penchent aujourd’hui sur son cas : selon son avocate, plaider coupable mais inapte car mentalement fragile pourrait sauver cette mère de famille d’une peine de prison trop lourde.
Ce tragique évènement ne peut que nous interroger sur le bien-fondé de cette guerre qui déchire l’Azerbaïdjan, sur le rôle donné aux enfants dans un conflit qui n’est pas le leur : déclarer un cessez-le-feu sauverait-il l’avenir de ces enfants qui ont vu le jour dans un pays mis à feu et à sang ?