• Registre militaire :

Rapport du civil Arnolphe, résident sur le territoire national : après délibération, à dix-huit heure, zéro, zéro, la décision est prise de contracter un mariage avec l’individu Agnès pour éviter un décrochage amorcé par un contact ennemi dénommé Horace. Agnès est toujours entre nos mains et ne peut être suspectée de trahison volontaire. Son changement d’azimut est facile à rectifier. L’affaire serait plus compliquée avec un sujet plus évolué. Une femme instruite est un ennemi redoutable, disposé à la manipulation et la trahison. Peu après l’arrêt de la décision et après quelques réflexions, contact avec l’ennemi Horace.

• Registre publicitaire :

Arnolphe a décidé de se marier. Pour faire son choix il a préféré la sécurité : facile à manipuler, Agnès se récupère simplement en cas de faux pas. Quelques mots, en effet, suffiront à la ramener sur le droit chemin en cas de faiblesse de sa part. Le secret d’Arnolphe ? La bêtise d’Agnès. Une femme lettrée et intelligente ne cessera de vous tracasser et de vous mettre en difficulté. Pour vous épargner la honte de la manipulation et de l’infidélité, faites comme Arnolphe : manipulez, faites le choix de la facilité. Vous pourrez ainsi dominer les mauvaises situations, comme lui avec son ennemi juré, Horace, qu’il s’apprête à rencontrer. La bêtise, gage de réussite.

• Registre journalistique :

C’est en début de soirée à proximité de sa maison secondaire, qu’Arnolphe, 42 ans, célibataire endurci, se décide enfin à se marier. Sa décision, il l’a prise après avoir forcé sa promise à accepter son sort. Sort auquel elle faillit échapper par l’intervention d’un dénommé Horace, « jeune effronté » selon les mots d’Arnolphe, qui a profité de la naïveté de sa protégée. D’après lui, s’il a réussi à récupérer Agnès (n.d.l.r. il s’agit du nom de la future femme) c’est grâce à la naïveté de cette dernière, car si elle avait été intelligente et cultivée l’affaire eut été toute autre. Il est d’après lui impossible de faire entendre raison à une femme lettrée, et cette dernière ayant vocation à l’adultère, il faut s’en éloigner. Arnolphe nous a confié qu’après notre entretien il rencontrerait sous peu Horace. Ces messieurs sauront-ils garder leur sang-froid ? Seul l’avenir nous le dira.

• Registre lettre de condoléance officielle :

Madame,

Je suis au regret de vous informer que le dénommé Arnolphe, homme à l’esprit étroit, misogyne, et à l’âge avancé, a jeté son dévolu sur votre fille Agnès. Profitant de sa candeur, dans laquelle il l’a lui-même entretenue, il a su, semble-t-il, en quelques mots la convaincre de ne regarder que lui et de renoncer à un jeune homme qu’elle aurait rencontré il y a peu. Lui-même se justifie en proclamant qu’une femme d’esprit est un être vil et impossible à raisonner, et dont on peut être sûr qu’il est impossible d’obtenir la fidélité. À l’heure même où je vous écris ce scélérat se prépare à rencontrer son rival Horace, le jeune homme qui attendrit le cœur de votre fille.

Veuillez croire en ma profonde compassion,

Maître Henri PAVOT.