L’histoire se passe en 1980, langage familier.

Je traînais dans les rues de Paris, je venais de finir ma journée, j’en avais ras le bol, ça faisait 48h que j’avais pas quitté le commissariat. Entre les gardes à vue des p’tits délinquants qui jouent aux gros durs, les soulots à mettre au trou jusqu’au lendemain et les plaintes pour vols et cambriolages. Oh ! des fois je me demande bien pourquoi je continue ce boulot de merde.
Bref, tout ça pour dire que j’étais content de rentrer enfin chez moi. Je remontais la rue quand j’ai aperçu deux types. Un jeune d’une vingtaine d’année et un autre plus vieux qui avaient l’air d’avoir une discussion sérieuse. D’après ce que j’ai compris le jeune était tombé fou amoureux d’une jeune fille qui habitait cette grosse baraque, et ils se voyaient en cachette. Sauf que le proprio, sûrement encore un de ces pleins aux as qui entreprend des pauvres gamines naïves rêvant de la grande vie, était rentré au bercail. Mais comme il est pas fou le vieux plein de sous, ben il a compris le manège et il a prévenu ses employés qu’il fallait chasser le loup de la bergerie. Alors le gamin s’est pris des marrons dans la tronche, et il n’a pas pu rejoindre sa copine. Et même pire, la jeune lui a envoyé des pierres de sa fenêtre en disant ne plus vouloir le revoir. Sauf que pas bêtes les deux jeunes, la gamine avait entouré la pierre d’un message d’amour plutôt enflammé. Mais ce qui m’a paru bizarre dans l’histoire, c’est le type à qui le jeune racontait tout ça. Ses réactions n’étaient pas normales, il se forçait à rire, il avait la tête crispée, il tirait une tronche quand le jeune lui a dit que la gamine voulait se tirer avec lui. Faut pas que je voie le mal partout mais ce type-là, il est pt’être dans le coup.