Note de synthèse : le langage

mercredi 29 novembre 2023
par  Agathe Pillan

Ce document synthétique vise à reprendre de façon méthodique les éléments de divers travaux d’auteurs autour de la thématique du langage.

NOTE DE SYNTHÈSE

Le langage est un outil essentiel aux êtres humains qui l’utilise pour s’exprimer et communiquer entre eux. Il existe par ailleurs une pluralité de langues, propre à chaque communauté d’individus. Tel est le thème de ce dossier : le langage. Plusieurs auteurs, plus précisément des linguistes, se sont penchés sur cette notion. Benveniste à travers « L’appareil formel de l’énonciation » s’est intéressé au concept de l’énonciation, à la relation que cette dernière entretient avec la langue. A travers son propos, il met en avant les conditions de l’énonciation et les formes qu’elle commande. Barthes, quant à lui, à travers « La langue inconnue » s’est penché sur la question des langues étrangères et de leurs différences avec la langue française, notamment par l’étude de la langue japonaise. Meillet avec « Remarques sur la théorie de la phrase » développe par son propos le concept de la phrase à terme unique. Il note également certaines différences de la langue française avec les autres langues notamment les langues indo-européennes. Il émet également l’idée que le nom permet une certaine richesse de la la langue, langue qui connait certaines limites. Jakobson avec « L’agencement de la communication verbale », entreprend de mener une étude quasi-scientifique du langage.

Le langage : un outil universel

Le linguiste Roman Jakobson considère que chaque constituant de tout système linguistique est fondé sur une opposition entre deux choses contradictoire à savoir un attribut et son absence. Il ajoute que plusieurs essais scientifiques ont permis de démontrer un critère sémantique omniprésent, et cela quelque le niveau et le constituant de langue. Pour Jakobson, quelque soit l’objet étudié, comme le spectre linguistique, les composants phoniques des signes verbaux ou de discours, le langage est doté d’une valeur transmissible. Par ailleurs, selon cet auteur, la liste des traits distinctifs propres aux langues du monde est extrêmement réduite. De ce fait, le langage se définit comme un outil universel. Toutefois, il est indéniable que le langage bien qu’universel est pourvu d’une indéniable flexibilité.

Une indéniable flexibilité du langage

Selon Barthes, la langue japonaise distingue les êtres animés des êtres inanimés. Ainsi, les personnages fictifs introduits dans une histoire sont considérés comme inanimés. L’auteur souligne ici une différence notable avec la langue française. Dans le cas de cette dernière, les personnages de romans sont doués de la vie, là où le japonais les considèrent comme des produits, des choses vivantes. Ce n’est pas la seule différence que Barthes relève. L’auteur affirme que la base du djana hindou, à l’origine du chinois et du japonais, considère qu’un verbe peut être un sujet sans attribut et également un transitif. Enfin, Barthes relève qu’en japonais, les suffixes fonctionnels et les enclitiques font que le sujet s’avance dans l’énonciation par des précautions, des reprises, des retards, des instances qui influence le volume et font de l’émetteur une enveloppe vide de parole. La langue française, bien au contraire, est plus vibrante, donne plus de prestance à l’énonciateur. Meillet entreprend comme Barthes, de relever les différences entre les langues et confirme l’idée qu’il existe une flexibilité du langage. D’après l’auteur, la distinction du nom et du verbe est plus ou moins marquée selon la langue employée. Selon lui, dans beaucoup de langues, la phrase nominale ne comporte aucun élément verbal. Il arrive dans beaucoup de langues indo-européennes que pour relier le sujet et le prédicat de la phrase nominale, l’individu ajoute le verbe être. Meillet ajoute que les anciennes langues indo-européennes ont un aspect beaucoup plus verbal que le français. Jakobson vient apporter sa pierre à l’édifice, remarquant lui aussi une flexibilité dans le langage. Le linguiste affirme que pour l’étude de la communication verbale, il est nécessaire de reconnaitre le fait que toute communauté linguistique ainsi que tout code linguistique manquent d’uniformité. Il ajoute que la flexibilité du langage trouve ses racines dans une superposition systématique de plusieurs niveaux intimement liés, dotés d’une structure différente. Le langage n’en reste pas moins doté d’une richesse, d’une singularité et d’une technicité certaine.

Une richesse, une singularité et une technicité certaine du langage

Meillet considère que le langage des hommes diffère de celui des animaux par une caractéristique essentielle : les groupements phonétiques ne servent pas à communiquer un état affectif ou un appel mais ils servent à utiliser des mots. L’auteur ajoute que chacune notion à son signe linguistique et qu’ainsi, il est possible de combiner les signes, les combinaisons permettant une grande diversité de l’expression. Le linguiste remarque deux espèces de mots différentes : le verbe qui sert à énoncer des procès et le nom qui sert à énoncer des notions. D’après Meillet, le nom sert à fournir des compléments de toutes sortes et il est possible indéfiniment de varier la valeur des mots par l’addition de compléments. Là où repose la singularité du langage, c’est dans la phrase à terme unique, développée par Meillet. L’auteur déclare que ce concept est une chose normale, selon lui, c’est sans doute de là qu’est né le langage. L’une des caractéristiques essentielles de la phrase à terme unique, selon l’auteur est l’importance du ton sur laquelle elle est prononcée comme la terreur, le reproche ou le commandement. Pour Jakobson, la singularité du langage réside dans le métalangage. En effet, en tant que partie du langage, le métalangage est un trait structural sans analogue dans les autres systèmes de signes. Jakobson met également en avant la technicité du langage avec plusieurs éléments. Il déclare tout d’abord que le système des traits distinctifs est un code puissant et économique où chaque trait est une opposition binaire entre la présence d’une marque et son absence. En outre, pour le linguiste, le jeu continuel complexe et orienté des invariants et des variations s’avère être une propriété essentielle, intrinsèque du langage à chacun de ses niveaux. Pour Jakobson, chaque nom est un terme générique recouvrant tous les membres d’une classe ou tous les stades d’un tout dynamique. Il existe en outre une relation évidente entre l’énonciation et la langue.

Une relation évidente entre l’énonciation et la langue

Il va de soi qu’il existe une relation entre l’énonciation et la langue. Benveniste s’est penché sur la question et il définit l’énonciation comme une mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation. Pour Benveniste, l’énonciation suppose nécessairement la conversion individuelle de la langue en discours. Toujours selon l’auteur, avant l’énonciation, la langue n’est que possibilité de la langue. Après l’énonciation, la langue est effectuée en une instance de discours qui émane d’un locuteur, suscitant une autre énonciation. Benveniste ajoute que l’énonciation est explicite ou implicite et que dans l’énonciation, la langue se trouve employée à l’expression d’un certain rapport au monde. Pour l’auteur, les indices de personnes, les formes temporelles, les temps verbaux ou encore le monologue dépendent, relèvent de l’énonciation. Jakobson rejoint Benveniste concernant sa pensée sur le monologue. En effet, Jakobson affirme que le langage intérieur est une superstructure importante de l’échange verbal. Meillet s’accorde lui aussi sur les idées de Benveniste concernant la relation entre énonciation et langue en considérant que pour qu’il y ait phrase, il faut et il suffit que quelque chose soit énoncé, comme un fait particulier, une vérité générale qu’on exprime, un ordre qu’on formule.

Pour conclure, le langage est un outil universel comme a pu le souligner Roman Jakobson en relevant certains critères communs à tout langage. Toutefois, il est indéniable que le langage est pourvu d’une certaine flexibilité, certaines différences entre les langues existants et méritant d’ être relevées comme l’a fait Barthes, avec la comparaison de la langue japonaise avec la langue française, Meillet avec les langues indo-européennes et Jakobson en considérant que toute communauté linguistique et tout code linguistique manquent d’uniformité . Par ailleurs, le langage s’avère doté d’une richesse, d’une singularité et d’une certaine technicité. Ces différents caractères ont été très justement démontrés et relevés par Meillet avec l’étude du nom et du concept de la phrase unique notamment et Jakobson. Il existe enfin une relation évidente entre l’énonciation et la langue, cette relation étant mise en avant par les travaux de Benveniste, Jakobson et Meillet.


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