Note de synthèse : le télétravail

mercredi 29 novembre 2023
par  Agathe Pillan

Ce document synthétique vise à reprendre de façon méthodique divers éléments émanant de travaux d’auteurs autour de la thématique du télétravail.

Bibliographie :

Document 1 : « Du télétravail au travail mobile :un enjeu de modernisation de l’économie française » par Pierre Mhorel-à-Lhuissier, chapitre 1

Document 2 : « Le télétravail :un nouveau mode de travail et de vie » Revue internationale du Travail, Linda Wirth et Vittorio di Martino

Document 3 : Guide du télétravail, « Guide d’accompagnement de la mise en oeuvre du travail dans la fonction publique » , ministère de la fonction publique, mai 2016, introduction

Document 4 : Télétravail à domicile « Guide d’aide à l’évaluation des risques et à la recherche de mesures de prévention associés » chapitre 3

Document 5 : « Le télétravail dans les grandes entreprises françaises : comment la distance transforme nos modes de travail » rapport du ministère, mai 2012

Document 6 : informations juridiques, Leslie Harvey

NOTE DE SYNTHÈSE

Le télétravail s’est démocratisé en France avec le coronavirus et de nombreux salariés suivent aujourd’hui cette organisation de travail. Tel est le thème du présent dossier : le télétravail. Plusieurs travaux comportent comme sujet d’étude cette organisation de travail à savoir, le rapport au premier ministre intitulé « du télétravail au travail mobile : un enjeu de modernisation de l’économie française » ; un article de la revue internationale du travail ayant pour nom « le télétravail : un nouveau mode de travail et de vie » rédigé par Vittorio di Martino et Linda Wirth ; un guide du télétravail émanant du ministère de la fonction publique en mai 2016 ; un guide d’aide à l’évaluation des risques du télétravail à domicile ; un rapport du ministère de mai 2012 « le télétravail dans les grandes entreprises françaises : comment la distance transforme nos modes de travail » ainsi que des informations juridiques sur le recours au télétravail rédigées par Leslie Harvey. Le rapport au premier ministre rédigé par Pierre-Mhorel-à-L’huissier donne la définition juridique du télétravail tel qu’elle ressort de l’ANI avant de développer les autres modalités d’organisation du travail recensés par le forum des droits sur l’Internet. L’article émanant de la revue internationale du travail, rédigé par Vittorio di Martino et Linda Wirth étudie les différents aspects du télétravail comme sa définition, ses bénéfices et ses inconvénients, la position de l’employeur vis-vis de ce mode de travail. L’introduction du guide du télétravail émanant du ministère de la fonction publique en mai 2016 donne une définition du télétravail et relève également ses différents bénéfices. Le chapitre 3 du guide d’aide à l’évaluation des risques au télétravail à domicile, relève les différents inconvénients du télétravail pour le télétravailleur. Le rapport du ministère de mai 2012 relève le cadre juridique du télétravail, les bénéfices et inconvénients, la position de l’employeur et du manageur, les défis à relever. Enfin, Leslie Harvey étudie le télétravail à travers l’ordonnance du 22 septembre 2017.

La définition du télétravail, une modalité d’organisation du travail et le statut du télétravailleur

Comme le relève Pierre Mhorel-à-L’huissier, l’accord national interprofessionnel du 19 juillet 2005 (ANI) donne une définition du télétravail : c’est une forme d’organisation et ou de réalisation du travail, utilisant les technologies de l’information dans le cadre d’un contrat de travail et dans laquelle un travail est effectué hors de ces locaux de façon régulière. Le guide du télétravail vient affiner cette définition et y ajoute quelques remarques. En effet, l’agent qui est amené à travailler en dehors de ses locaux de son employeur n’a pas nécessairement la qualité d’agent en télétravail. La pratique doit être régulière et nécessiter obligatoirement l’usage des technologies de l’information et de la communication. La régularité exigée ne signifie pas pour autant que les tâches de l’agent doivent être réalisées dans leur totalité en dehors des locaux de l’employeur. Vittorio di Martino et Linda Wirth, donnent de leur côté leur propre définition du télétravail : il s’agit d’un travail effectué loin des bureaux et des ateliers centraux où le travailleur ne peut avoir de contact personnel avec ses collègues mais peut communiquer avec eux en usant des nouvelles technologies. Le télétravail peut se pratiquer soit en connexion, soit en autonome. Il peut être organisé de manière individuelle ou collective, constituer tout ou partie de l’emploi d’un travailleur ou bien être effectué par des travailleurs indépendants ou salariés. D’autre part, pour Pierre Mhorel-à-L’huissier, le télétravail n’est qu’une modalité, une forme d’organisation du travail parmi d’autres et en concurrences avec ces dernières. Ainsi, le rapport du forum des droits sur l’internet relève quatre autres formes : le télétravail à domicile, les travailleurs nomades, les télécentres et le travail en réseau. Le guide du télétravail de mai 2016 confirme, appuie cette idée et relève lui aussi les modes d’organisation du travail comme l’astreinte ou le travail en tiers lieu statutaire. Vittorio di Martino et Linda Wirth viennent apporter des précisions concernant le statut du télétravailleur. Ainsi, les rémunérations et avantages dont bénéficie le télétravailleur varient en fonction de son contrat de travail et de l’activité qu’il exerce. De plus, aucune heure supplémentaire ne lui est reconnue. Il est en effet considéré comme un travailleur indépendant ou un petit entrepreneur. Leslie Harvey, quant à elle, ajoute que le télétravailleur a les mêmes droits que le salarié qui exécute son travail dans les locaux de l’entreprise. Le télétravail est par ailleurs pourvu de nombreux bénéfices.

Les bénéfices du télétravail

Pour Linda Wirth et Vittorio Di Martino le télétravail engendre de nombreux bénéfices tel que la flexibilité et la diminution des coûts, une facilité d’embauche et une stabilité du personnel, des emplois pour les personnes handicapées ou encore un aménagement du temps de travail. D’après le guide du télétravail de mai 2016, le télétravail permet une meilleure qualité de vie au travail, un meilleur équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Le télétravail permet également de supprimer la fatigue et le stress induits par les transports et augmente les capacités de concentration. De ce fait, le télétravailleur travaille mieux et plus vite. En outre, les encadrants peuvent tirer profit de la plus grande motivation des travailleurs découlant de la souplesse d’organisation du travail, induite par le télétravail. Lorsqu’il est pratiqué à domicile, le télétravail a un effet positif sur le niveau de pollution et contribue à la réduction des embouteillages ainsi qu’à la décongestion des transports en commun. Le guide du télétravail de mai 2016 reprend plusieurs des bénéfices énoncés par le rapport du ministère de mai 2012 comme la réduction du stress des transports et la réduction de l’engorgement des transports. Par ailleurs, selon le rapport de 2012, le télétravail a un impact sur la productivité car le salarié est soumis à moins de distractions et de perturbations. L’aménagement du temps de travail relevé par Linda Wirth et Vittorio di Martino est repris par le rapport de 2012 car ce dernier énonce que le télétravailleur possède une plus grande latitude dans la gestion de son temps et l’organisation de ses tâches, les horaires de travail sont plus flexibles. Les télétravailleurs acquièrent le sentiment d’être dignes de confiance ce qui a un effet positif sur la motivation. De plus, le télétravail offre au travailleurs des conditions plus favorables à la concentration et à la production. Les open spaces ont eu des effets pervers comme un sentiment d’urgence permanent, des interruptions intempestives, des difficultés à prendre du recul. Le guide du télétravail de mai 2016 reprend l’un des bénéfices relevés par le rapport de 2012 comme la réduction de la pollution des centres urbains. Selon le rapport de 2012, le télétravail permet par ailleurs une diminution des gaz à effet de serre, une réduction de la surveillance hiérarchique, une réduction de la fracture sociale entre les zones urbaines excédentaires en emploi et les zones périurbaines. Les inconvénients du télétravail méritent également d’être relevés.

Les inconvénients du télétravail

Selon l’article rédigé par Vittorio di Martino et Linda Wirth, le télétravail peut avoir des effets néfastes autant sur le bien être physique que psychologique. En effet, en étant séparés de leurs collègues, ils risquent d’avoir un sentiment d’isolement et un stress qui vont se répercuter sur le moral. En outre, l’absence de contacts au quotidien peut couper les travailleurs à distance de leur milieu professionnel et social et compromettre leur carrière. Le guide d’aide à l’évaluation des risques du télétravail à domicile reprend le risque d’isolement et y ajoute d’autres risques psychosociaux tel que le burn out lié à la gestion du temps et à la difficulté de scinder vie personnelle et vie professionnelle, le stress lié aux objectifs, le stress lié à la nature de la tâche. A ces différents risques viennent s’ajouter le mal être généré par un contrôle abusif, le matériel inadapté, le rejet des collègues ou encore le risque du travail sur écran. Le guide d’aide ajoute que la distance créée par la séparation physique entre le télétravailleur et l’organisation associée peut augmenter la criticité de certains risques. Les télétravailleurs doivent y faire face seuls. La difficulté à séparer vie professionnelle et personnelle est présente également dans le rapport du ministère de mai 2012. Le rapport ajoute qu’il y a un risque de perte de visibilité dans l’entreprise, un risque d’incapacité à s’auto-discipliner et à gérer de manière autonome sa charge de travail. Un risque de mercenarisation de la relation de travail ainsi qu’un accès plus restreint à certaines informations sont également possibles. Par ailleurs, la position des manageurs et des employeurs vis-à-vis du télétravail ainsi que les défis à relever méritent d’être notés.

La position des manageurs et des employeurs vis à vis du télétravail et les défis à relever

D’après Vittorio di Martino et Linda Wirth, les employeurs préfèrent examiner en détail les conséquences que le télétravail peut avoir pour eux-mêmes, pour les travailleurs ainsi que pour la collectivité dans son ensemble. Il y a une certaine hésitation de quelques employeurs qui n’ont pas toujours la possibilité ou bien le désir d’adapter leur mode de gestion et d’encadrement. L’autre aspect des réticences des employeurs tient dans la protection des données ainsi que dans la confidentialité. Selon le rapport du ministère de mai 2012, les employeurs français regrettent les incertitudes et les imprécisions du télétravail. Toutefois, les mitigations des employeurs tendent à s’accorder avec les bénéfices du télétravail. Les employeurs considère que cette forme d’organisation du travail pourra permettre de réduire leur surfaces de locaux. Le rapport du ministère de mai 2012 ajoute que les réticences de certains manageurs intermédiaires expliquent majoritairement le retard de la France concernant le télétravail par rapport aux pays scandinaves ou anglo-saxons. En effet, les manageurs expriment des difficultés et des craintes vis à vis du télétravail. Par ailleurs, en matière de management, la France repose trop souvent sur le contrôle et le micro management s’avère difficilement compatible avec le management à distance qui exige confiance et autonomie. Le guide d’aide à l’évaluation des risques du télétravail à domicile soutient quant à lui que le manager doit s’approprier le télétravail. Il doit être capable de manager ses équipes à distance dans le cadre du télétravail, obtenir des équipes plus fortes, plus soudées, plus performantes collectivement. Il se doit de construire des architectures flexibles avec des équipes à distance, former une équipe solidaire capable d’apprendre, de progresser, de réussir. Il est également important pour le manageur de maintenir un niveau de motivation chez le télétravailleur par une reconnaissance du travail accompli, un enrichissement des tâches ou une participation aux décisions. Le rapport du ministère de mai 2012 considère également que le manageur doit s’adapter au télétravail. De ce fait, son rôle évalue : il doit passer d’un rôle de distributeur contrôleur à un rôle d’animateur entraîneur. Il doit définir les moyens, libérer les énergies, autoriser la prise de risques et développer ses collaborateurs. Pour Vittorio di Martino et Linda Wirth, l’entreprise qui décide de recourir au travail à distance doit nécessairement trouver des solutions à de nouveaux problèmes comme l’encadrement, la coordination et la motivation d’une main d’oeuvre dispersée ou encore une remise en question des hiérarchies traditionnelles et du principe d’autorité.

En guise de conclusion, le télétravail se définit d’après le rapport de Pierre-Mhorel-à-L’huissier comme une forme d’organisation du travail parmi d’autres et nécessite l’utilisation des nouvelles technologies. La pratique doit en outre être régulière d’après le guide du télétravail. Cette firme d’organisation du travail possèdent de nombreux bénéfices comme par exemple la flexibilité et la diminution des coûts, une facilité d’embauche et une stabilité du personnel, des emplois pour les personnes handicapées ou encore un aménagement du temps de travail, relevés par Linda Wirth et Vittorio di Martino. Par ailleurs, le télétravail n’est pas dénué de risques pour le télétravailleur comme La difficulté à séparer vie professionnelle et personnelle, une perte de visibilité dans l’entreprise ou encore un risque d’incapacité à s’auto-discipliner, mentionnés par le rapport du ministère de mai 2012. Les employeurs peuvent se montrer hésitants d’après Linda Wirth et Vittorio di Martino. Les manageurs doivent changer leur culture managériale pour s’adapter au télétravail, comme le souligne le rapport du ministère de mai 2012. Toute entreprise adepte du télétravail doit nécessairement trouver des solutions à des problèmes nouveaux comme le mentionne Linda Wirth et Vittorio di Martino.


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