Demain, la nuit des temps

jeudi 19 novembre 2020
par  Alexandrine Choron

Ami amateur de science-fiction, cette critique est pour toi, car elle va te parler d’un roman que tu ne connais peut-être pas mais qui est à ajouter sur les étagères de ta bibliothèque : La nuit des temps¸ par René Barjavel.

Malgré quelques précurseurs tels que Jules Verne, la science-fiction est un genre qui s’est essentiellement démocratisé dans la deuxième partie du XXème siècle. En France, c’est Barjavel qui est un des premiers à s’inscrire dans le genre tel que nous le connaissons, avant que l’influence d’auteurs étrangers ne passe nos frontières (on pense par exemple à Asimov et ses robots). Son premier roman, Ravage (1943), est donc une œuvre de SF qui ne ressemble à rien de connu. Également journaliste mais aussi cinéaste, il nous livre en 1968 une histoire d’abord pensée pour le cinéma, mais qui deviendra le mémorable roman La nuit des temps.
Que dire, sans trop en dire ? Un paysage glacé, des capteurs qui détectent la trace d’une civilisation engloutie à une profondeur inimaginable, un émetteur qui signale l’emplacement d’une sphère d’or depuis… la nuit des temps. C’est une histoire d’amour puissante, une peinture d’une civilisation inventée fascinante. Ce roman est l’histoire de chercheurs appartenant à différentes nations et à différentes idéologies, ralliés par la même fièvre du savoir et de la découverte. Mais sous leurs incroyables découvertes du monde étonnant et coloré créé par l’auteur, le roman est surtout l’occasion d’une critique de la société que Barjavel voyait se profiler.

"Nous avions oublié les haines misérables et stupides du monde. Leur monstrueuse imbécilité évoquait pour moi des chiens énormes les uns face aux autres, chacun tirant sur sa chaine en râlant de fureur et ne pensant qu’à la rompre pour égorger le chien d’en face. Sans raison. Simplement parce que c’est un autre chien. Ou peut-être, parce qu’il en a peur… "

Guerres insensées, partage inéquitable des richesses, égo surdimensionné de certains dirigeants, médecine déshumanisée et humains dépendants d’une technologie trop avancée, tout cela mène à penser à un regard profondément pessimiste du romancier. Pourtant, malgré toutes ses constatations, on le sent garder espoir en l’avenir, à travers l’amour plutôt qu’à travers la science – c’est lui qui, en pleine guerre froide, raconte l’amour naissant entre un américain et une russe.
En parlant d’un passé imaginaire, Barjavel nous met en garde contre un avenir possible ; lui qui a grandi dans un environnement plutôt rural et a vécu au milieu du XXème siècle, il a assisté à l’évolution de la technologie, et a vu comment celle-ci a commencé à changer la société en profondeur. Ses craintes et ses inquiétudes se basent sur son vécu direct.
En plus d’être un roman parlant d’amour et de pays fantastiques, il est un cri du cœur, une mise en garde, qui se cristallise autour de la symbolique de l’« équation de Zoran ». Cet élément du roman, qu’on te laissera découvrir, représente dans son traitement une des peurs de l’auteur : le désir de pouvoir gagnant sur le bien commun.
La nuit des temps, pour qui le veut, est simplement un bon roman de SF. Mais si on lit entre les lignes, la politique et la philosophie sont bien plus au cœur du roman que ne l’est le personnage principal, l’attachant Docteur Simon.
En un mot : un incontournable de la science-fiction et du roman d’anticipation.


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