Il était une fois une lettre qui s’appelait S. Cette lettre était surtout connue pour le rôle important que lui avait confié le Grand Bescherelle. Le roi du pays Orthographe-&-Grammaire l’avait nommée Marque du Pluriel ; ainsi, quand les choses allaient par plusieurs, S décorait les noms pour les différencier du Singulier.
Persuadée d’être l’unique marque du pluriel, elle fut choquée quand elle croisa des chevaux pour la première fois. Le X s’était non seulement permit de la remplacer, mais il avait en plus prit la liberté de déformer le nom dont il ne devait servir que d’ornement.
Bouleversée, S voulut en savoir plus sur cette lettre concurrente. Elle apprit que X accompagnait chaque nom se finissant en -eau, comme château, en -au, comme tuyau, et en -eu, comme jeu ; et tous les noms en -al, X les transformait en -aux.
Furieuse, S débarqua chez le roi Bescherelle et lui demanda une explication.
« Roi Bescherelle ! Tu m’avais désignée comme Marque du Pluriel ! Qui est donc ce X qui suffixe mes noms ? »
Le roi, déjà occupé à régler un autre conflit opposant les participes Être et Avoir, s’emporta.
« Je te trouve bien prétentieuse de te croire unique et indispensable en matière de pluriel ! Je t’ordonne d’aller au pays de Rechtschreibung-&-Grammar et de voir comment l’allemand traite le pluriel. Ensuite, nous pourrons discuter. »
S fit le voyage comme demandé. Elle découvrit avec stupeur que l’allemand avait désigné de nombreuses lettres, parfois associées, pour marquer le pluriel. Elle revint voir le roi Bescherelle avec un peu plus d’humilité dans le cœur.
« Je comprends roi Bescherelle que je ne suis pas unique » dit-elle. « X et moi avons des origines différentes, il vient du grec et moi du latin, mais pourtant, il se peut que nous nous complétions. »
Ainsi X et S se partagèrent la tâche de Marque du Pluriel, seuls quelques noms comme Festival ou Landau restèrent malgré tout fidèles à leur amie S.