Les personnages sont un patron et son employé. La scène se passe dans le bureau du patron.

Employé : Monsieur, après mure réflexion, et à la vue de mes qualités et de mon investissement sans faille au sein de l’entreprise je souhaite avoir une augmentation.

Patron : Bien...

Employé : Vous savez comme moi, Monsieur, l’importance que j’attache au travail bien fait. Personne plus que moi ne donne satisfaction comme je le fais. Concentré sur mes capacités, je les mets aux services de la structure, de l’objectif commun pour notre réussite à tous. Et je pense qu’il n’y a pas meilleur investissement que de conforter ma ferveur à bien travailler. Je crois qu’il n’y a pas meilleures affaires que de me permettre d’être plus à l’aise et il est vrai que sur ce point, par exemple, il est dur de se satisfaire des maigres repas du midi qu’il m’est donné d’acheter. Ces petits repas, copieux pour certains, me laissent, à moi, un creux dans le ventre.

Patron : D’accord, vous avez...

Employé : Certes, Monsieur, je vois où vous voulez en venir. Quelques erreurs ont été commises à mes débuts, je ne le nie pas. Mais, réactif, j’ai su tirer parti de ces erreurs et apprendre pour ne plus recommencer. Et depuis, voyez-vous, Monsieur, je réalise un parcours sans faute. Tout le monde ici vous le témoignera.

C’est bien simple, je suis de tous les travaux, de toutes les affaires, de toutes les tâches. En haut, en bas, dans la cour, au grenier, à la cave, où il faut que je sois, je suis. Où je dois aller, je vais. Ce qu’il faut faire, je fais. Ce qu’il faut dire, je dis. Ce qui se dit, je ne répète pas. Notez donc, Monsieur, ma discrétion. Cette qualité qui est mienne n’est pas donnée à tout le monde.

Patron : Très bien, mais…

Employé : Aussi, voyez-vous, Monsieur, les tâches que l’on me confie sont centrales et sans quelqu’un pour les réaliser personne ne pourrait travailler comme il le fait.

Je dois le lundi, pour sa visite hebdomadaire, tenir la porte à Madame la Présidente et enlever le tapis, qu’elle ne trébuche. J’apporte le café à Monsieur de la comptabilité, sans quoi, le matin tôt, vous le savez, il omet un zéro ou se trompe d’une ligne et nous voilà aux prises avec les commissaires et les enquêtes. Je fais aussi les photocopies au cinquième pour Madame du deuxième : la pauvre dame a des difficultés à marcher.

Patron : Alors, si je peux...

Employé : Vous rappellerai-je, Monsieur, comment j’ai dû trier l’ensemble des documents des archives et comment personne n’osait y mettre un pied de peur de ne jamais le retrouver.
Alors de tout cela, avant que je ne vous laisse la parole, et à la vue de mes qualités et de mon investissement sans faille au sein de l’entreprise, je souhaite que de 6 euros et pour la durée de mon stage les tickets restaurants me soient délivrés à 8 euros.