Edgard Melas, écrivain

DÉCÈS
mercredi 25 novembre 2020
par  Jean-Philippe Berger

L’écrivain Edgard Melas s’est éteint le dimanche 23 juillet en début d’après-midi à l’hôpital Foch, à Suresnes (Hauts-de-Seine), des suites d’une embolie pulmonaire. Âgé de 88 ans, l’auteur de La complexité des sentiments laisse derrière lui une œuvre majeure de la seconde moitié du XXe siècle. Malgré ses descriptions de l’inclairvoyance et du manque de discernement face à l’emprise des sentiments, il répétait souvent : « aux petites âmes tracassées du monde sont promises les perspectives d’un parcours singulier » se souvient Roland Melas, son frère aîné et collaborateur durant de longues années à la rédaction du magazine Le petit poucet. En effet, l’histoire lui a donné raison.

« Edgard Melas a toujours été une personne aimante et empathique, c’est ce qui l’a toujours caractérisé. Lorsque nous ne nous étions pas vus depuis un certain temps, il prenait toujours de mes nouvelles au travers d’un petit message. Il avait un rapport au monde et une manière d’apprécier les choses si particulière. Il percevait tous les sentiments et arrivait à les retranscrire sur le papier. Cela a toujours fait sa force d’écrivain », ajoute Edgard Melas.

Il faut dire que très jeune, vers 9 ans déjà, il s’intéressait à l’écriture. La critique littéraire Maude Deschamps le décrit comme : « tenu d’un paradoxe entre une forme d’ingérence sentimentale, un trop fort rapport au monde et certaines difficultés à s’en saisir, certaines incompréhensions qui ne lui permettaient pas d’évoluer comme les autres enfants de son âge ». Edgard Melas en a fait son cheval de bataille, l’écriture comme arme, une arme d’appréciation du monde.

À 18 ans, tout juste bachelier, Edgard Melas intègre un cursus littéraire à Paris Sorbonne qu’il abandonne rapidement pour aller travailler dans une librairie du 9ème arrondissement : Les mots doux. Lecteur indéfectible, ce fut pour lui l’expérience qui lui permettra de rencontrer sa future compagne et de se forger une solide culture littéraire.

À 23 ans, il sort son premier roman. Auréolé par la critique, Les mondes en sourdines, donnera naissance à l’écrivain que l’on connait. Ce bourreau de travail n’aura de cesse durant le reste de sa vie de décrire la complexité des sentiments. En 2005, il se voit décerner le Grand prix du roman de l’Académie française pour Les vies naufragées. Plusieurs fois en lice pour le prix Goncourt, il l’obtiendra en 2007 pour La fuite des sentiments, qui apparaît aux yeux de la critique et particulièrement aux yeux de son ami et écrivain Laurent Fret, comme « un retour aux sources ». Ce roman symbolisera l’apogée de son œuvre : sa lutte constante pour un retour du spirituel et l’oubli d’un pragmatisme trop normatif qui, selon lui, « empêche la vie : lui superpose une chape de plomb et aseptise toutes formes d’irrégularités ».

Cet invétéré de nature et de balades, il y a quelques années, s’est retiré de la vie publique pour profiter d’une vie paisible dans sa maison de campagne dans les Vosges. Selon ses volontés, ses cendres reposeront auprès de sa famille dans une concession commune au cimetière de Suresnes.

Jean-Philippe Berger
Journaliste, Le Petit Monde


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