Lettre de consolation à Madame Clergeon

mercredi 25 novembre 2020
par  Jean-Philippe Berger

À Madame Clergeon

Madame,

Je viens d’apprendre la perte de votre mari. Il m’est difficile d’imaginer la détresse qui est la vôtre. Je dois concéder qu’il met aussi difficile de trouver la parole pour vous aider à penser la suite. Qui suis-je pour arpenter avec quelques mots l’indicible sentiment de souffrance lié à la perte d’un être cher ?

Pourtant, il me serait être irresponsable de ne pas essayer. Je crois qu’à toute personne endeuillée, un petit mot, même bien mal choisi importe toujours plus que le silence. De cela, je tiens à vous assurer que rien n’est fait pour vous dénier votre peine : mes mots n’ont pour seule ambition que de vous réconforter. S’ils peuvent humblement contribuer à votre paix intérieure je serais alors tout à fait satisfait.

Ayant vécu, moi aussi, des tourments qui se rapprochent des vôtres, je puis vous assurer qu’il est toujours de trop que de souffrir inutilement. Votre amour et votre peine sont connus de tous et, je vous en conjure, ne donnez pas plus de ferveur à vous rendre triste. Paraître n’a de sens que pour les voyeurs détestables. De ces gens, moquez en vous.

À ce jour, d’autres viendront, je vous l’assure, ce n’est pas la fin, il vous faut envisager ces jours venants. La mort possède ce que nous autres, jamais, nous ne maîtriserons. Elle ignore tout de nos lois et de nos règles, elle ne concède ni de notre morale ni de notre justice. Elle prend le bon comme le méchant, le plus aisé et le plus pauvre, indifféremment. Peu lui importe, que vous ayez eu une vie louable faite par la Probité ou naît de la Bonté, de tout cela la mort s’en moque.

Alors, Madame, s’il ne vous est pas donné de posséder la vie de vos êtres aimés comme l’on possède la construction de nos monuments, il ne vous est pas donné non plus de souffrir au-delà du raisonnable. La vie nous est confier par chance et prélever par malheur, et dans ce processus, à aucun moment la volonté des Hommes y prend place. Ne vous tenez pas pour responsable.

Et j’ai pu constater comme vous êtes une personne aimante. J’ai vu de quelle manière vous aimez faire le bien autour de vous et comment vous chérissez le monde qui vous entoure. Vous avez de l’amour plus que tout autre. Et de celui-ci vos proches en ont encore besoin. Vos fils qui grandissent, votre frère qui vous aime, votre cousine qui danse et son mari qui chante. Vivez pour eux.

Et puis, regardez les arbres qui tremblent dans le vent et les feuilles qui tombent. La neige arrive, vous sentez l’air frais. Le vert s’efface, regardez. Voyez comme le monde passe à demain. Et vous alors ? Ne restez pas ici, il n’y a guère de place pour les gens qui aiment la vie comme vous l’aimez. La tristesse est un lieu passage où l’on est tenu de s’arrêter sans jamais s’y installer.


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