Forte augmentation de la consommation de bambou en Occident

mercredi 4 avril 2012
par  Falquet Laurent

Le 11 février 2012, la presse québécoise se faisait l’écho de la visite diplomatique de Stephen Harper dans l’Empire du Milieu. Le Premier ministre canadien revenait au pays avec un beau cadeau pour ses concitoyens : deux pandas géants. Prêtés pour dix ans au zoo de Toronto, ils arriveront début 2013. Nicolas Sarkozy, lui, a déjà accueilli, mi-janvier, un couple de ces grands mangeurs de bambou. Les deux dirigeants se sont personnellement investis pour obtenir cet honneur. Que cache l’apparente pandaphilie des plus hauts personnages de l’Etat ?

On pourrait penser que les zoos cherchent activement à posséder des animaux si rares pour assurer leurs recettes. En effet, la Chine se montre peu encline à se départir des quelques spécimens encore vivants de leur emblème national. L’espèce est très menacée ; il ne resterait dans la nature que 1600 pandas géants. Ce n’est pas assez pour les distribuer à travers le monde sans contrôle. Le panda étant connu pour sa faible libido, les zoos proposent des programmes de reproduction par insémination artificielle aux instances chinoises pour faire venir les populaires peluches noire et blanche. Ainsi, les zoos augmentent leur fréquentation et agissent pour le bien de l’espèce. Mais cela représente-t-il une raison suffisante pour faire intervenir Sarkozy ou Harper dans le processus de négociation ?

Non. Le panda n’est qu’un outil diplomatique, un symbole. Depuis la dynastie Tang, il y a quelques 1400 années en arrière, la Chine sanctionne ses bons rapports avec les autres pays en offrant ce qu’elle considère comme un bien de grande valeur, son trésor national : le panda. Mao respectait cette tradition, la République populaire de Chine la perpétue. Le terme de « diplomatie du panda » est apparu en 1949 sous ce régime. Depuis, à cause de sensibilités écologiques plus prononcées, les animaux sont simplement prêtés pour une décennie, afin d’assurer la conservation de l’espèce dans son milieu d’origine. Ainsi Nicolas Sarkozy et Stephen Harper mettent en avant l’arrivée d’un couple de pandas dans leur pays respectif pour prouver les bons rapports entretenus avec le gouvernement chinois. Mais aussi pour effacer les difficultés diplomatiques passées.

Les deux chefs d’État, français et canadien, ont subi les foudres de la Chine lorsqu’ils se sont affichés avec le chef du gouvernement tibétain en exil. La Chine n’aime pas que le Dalaï-lama soit entendu à travers le monde, car il propage l’idée que le Tibet est opprimé par la puissance communiste. La pression de reconnaitre le Tibet comme un État est forte en Occident, celui de condamner la Chine pour ses pratiques à l’encontre des droits de l’Homme l’est tout autant. Voilà le casse-tête chinois pour les diplomates. La Chine est un acteur économique majeur, qui gagne en puissance chaque année. Il faut donc éviter de froisser son président, Hu Jintao, et préférer le courtiser pour remporter des marchés et des contrats. C’était l’opération menée par Stephen Harper lors de son déplacement du 6 février : réchauffer les relations sino-canadiennes et renforcer les liens économiques. Une mission réussie puisque le prêt des pandas est finalisé.

Rédigé par Laurent Falquet


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